
Tuariki John Teai, l’adolescent prodige du ‘ōrero et chanteur aux mille talents
À tout juste 16 ans, Tuariki John Teai a déjà de nombreuses cordes à son arc. Chanteur, comédien, mais aussi expert en ‘ōrero, l’adolescent a découvert cet art oratoire avec John Mairai, qu’il considère comme son mentor. Hommes de Polynésie est allé à la rencontre de ce jeune créatif à la personnalité attachante et à la voix impressionnante.
Un amour pour le Tahiti d'antan
Quelques notes jouées sur son ukulele pour l’accompagner et c’est parti, Tuariki John Teai enchaîne les chansons. De Nana Mouskouri en passant par Marlène Dietrich ou même Elvis Presley, sans oublier bien sûr les nombreux classiques polynésiens du Tahiti de la Belle Époque… L’adolescent possède un répertoire peu commun pour son jeune âge.
« Je pense que j’aurais bien aimé vivre à l’époque du Tahiti d’antan, d’Esther Tefana… J’aime beaucoup les chansons polynésiennes qu’on jouait alors dans des clubs comme Le Quinn’s, le Col bleu… »

"Baigné dans la musique tahitienne"
Cet attachement très fort à la Polynésie d’autrefois, Tuariki le doit probablement à sa grand-mère maternelle.
« J’ai baigné dans la musique tahitienne, j’ai grandi avec ma grand-mère, elle ne jouait pas de musique, mais elle mettait ses tourne-disques, ses CD et chantait tout le temps les chansons polynésiennes. »
L'apprentissage du ukulele
À 6 ans, Tuariki John Teai touche son premier ukulele à l’école. Quatre ans plus tard, il aura le sien.

« Ma mère allait acheter une guitare pour ma grande sœur, et j’ai dit que je voulais un ukulele. Ma mère me l’a offert. J’ai appris à en jouer tout seul en regardant sur mon téléphone les clips d’Esther Tefana. J’observais où elle mettait les doigts sur son ukulele, je mettais sur pause et je faisais pareil. C’était dur au début mais après, c’est venu. »
La révélation du 'ōrero
Mais si Tuariki adore les chansons d’Esther Tefana ou encore celles de Gabilou, le garçon va découvrir un jour, par hasard, l’art oratoire du ‘ōrero.
« En juillet 2017, John Mairai avait écrit le thème du Heiva. J’étais allé voir le spectacle à To’atā, mais je n’avais pas trop accroché, car la soirée était longue et j’étais petit. Quelques jours plus tard, le spectacle est repassé à la télé et là j’ai entendu le ‘ōrero et j’ai été submergé, subjugué. C’était une langue étrangère pour moi, car on ne parlait pas tahitien à la maison. »
La rencontre déterminante avec John Mairai

C’est le déclic. Tuariki se repasse alors le spectacle pendant une semaine et apprend par cœur le texte ‘ōrero.
« Un soir, pendant le dîner, je leur ai récité le ‘ōrero de John Mairai, ma grand-mère et ma mère n’en revenaient pas. Elles ont contacté mon arrière-grand-mère qui connaissait John Mairai. Quelques jours après, je rencontrais John au Conservatoire pour lui déclamer. Je n’avais pas honte, mais j’avais peur, par contre. John a été impressionné et il a dit qu’il me prenait au Conservatoire même si j’étais très jeune. »
Une relation très forte
C’est alors une relation extraordinaire qui se noue entre le jeune garçon et l’homme de culture, jusqu’à la mort de ce dernier en décembre 2023.

« John m’a pris sous son aile. J’ai alors suivi ses cours de ‘ōrero, mais aussi de culture polynésienne, de civilisation, et les cours de théâtre de Christine Bennett. John voulait que j’aie une formation complète. Je le considère comme mon mentor. Il m’a énormément appris. Il me disait que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre. Loin de me faire peur, cela me motive toujours, je continue d’apprendre. Je veux qu’il soit fier de moi ! »
Des vidéos sur TikTok
Si Tuariki est attiré par le ‘ōrero et sa culture polynésienne, l’adolescent est également ouvert aux chanteurs et musiciens du monde entier.
« J’aime beaucoup aussi des chanteuses comme Barbara ou encore Nana Mouskouri. J’ai même eu l’occasion de parler au téléphone à Nana Mouskouri y a quelques mois. C’était une superbe expérience. »
Et pour faire découvrir et aimer ces chanteurs à toutes les générations, l’adolescent n’hésite pas à partager des petits clips sur TikTok où il s’enregistre chanter. Tuariki John Teai comptabilise déjà plus de 35,3 k de likes !
Rédacteur
©Photos : Pauline Stasi et Tuariki John Teai pour Hommes de Polynésie
©Vidéos : Pauline Stasi
Directeur des publications : Yvon Bardes