« Noho », tombé dans la marmite du Heiva
Nohorai Temaiana est en ce moment le jeune chanteur qui monte. Celui dont on peut dire qu’il est un enfant du Heiva est un jeune homme timide et talentueux qui gagne en confiance au fur et à mesure de ses prestations. Hommes de Polynésie vous le présente…
TOMBÉ DANS LA MARMITE DU HEIVA
Comme Astérix qui était tombé dans la marmite de potion magique, Nohorai (que tout le monde appelle Noho) semble être tombé dans la marmite du Heiva : un papa musicien, une maman danseuse, un grand-père paternel chef de troupe et directeur de l’école de percussions traditionnelles Arata’i, et un grand-père maternel bassiste du groupe Te Ava Piti qui a composé la chanson « pahoho » classique parmi les classiques (i te tiare apetahi… tiare una’una… no to’u ai’a here hia…e au’e… uturoa mata ai’ai… mato tea tei nia…tepua tei raro pahoho) : tous les ingrédients étaient réunis pour que le jeune Noho passe son enfance baigné de musique et de culture.
« Je fais mon premier show à 11 ans, en tant que percussionniste »
C’est donc presque naturellement que le petit Noho se retrouve parmi les percussionnistes dans un show. Il se souvient justement de son grand-père maternel, auteur compositeur de « pahoho », qui, avant de mourir en 2014, l’encourage en lui disant « tu as une jolie petite voix ». Mais jusque-là, il se spécialise dans les percussions traditionnelles avec la troupe Hitireva.
« Petit à petit, je lutte contre ma timidité et j’ose chanter devant un public »
C’est le Heiva qui lui permet de passer à la vitesse supérieure. Tout d’abord en 2016, avec la troupe Hitireva où il joue aussi de la guitare en plus des percussions. Il y est également choriste et se fait remarquer par Teiva LC 1.
C’est cette année-là que le aparima « apepe » (composé par Rotui Rurua 2 et écrit par Jacky Bryant) est interprété pour la première fois en public. Teiva LC veut reformer le groupe Huimana et propose à Noho de devenir chanteur à ses côtés. Il n’en revient pas car Teiva fait partie de ses idoles. Noho, d’une nature timide, est aussi heureux que terrorisé à l’idée de chanter devant un public. Il se souvient que pour vaincre ce trac, il chantait les yeux fermés.
Ensuite, retour au Hura Tapairu en 2017, avec la troupe Tamariki Poerani où il chante, notamment une de ses compositions à la fin du spectacle : « to’a marama » qui devient son premier tube et qui, aujourd’hui, a eu une audience de 900.000 vues pour le clip sur youtube. Succès total cette année-là puisque la troupe remporte le premier prix, mais aussi le premier prix au concours d’orchestre ainsi que le prix spécial du jury pour la chanson « to’a marama ».
« 2018 a été une année formidable, avec mon premier concert en solo »
L’an passé, tout semble réussir à Noho : il se fait une place remarquée dans les prestations de Huimana, il devient prestataire au conservatoire de Tipaerui où il accompagne les cours de danse aux percussions et au chant.
Enorme succès encore au Hura Tapairu, cette fois avec la troupe Manohiva qui rafle le premier prix, le premier prix également dans la catégorie aparima et le 2ème prix dans la catégorie ‘otea. Et puis Noho se retrouve pour la première fois face à son public lors d’un concert solo à la maison de la culture, qui s’est joué à guichet fermé, devant 400 fans enthousiastes.
« 2018 a aussi été l’année des voyages »
Et le succès du jeune chanteur s’internationalise puisqu’il part au Japon avec Huimana (où Teiva LC a de nombreux fans) pour une représentation de Huimama, et l’enregistrement en studio du premier album du groupe. Voyages aussi au Mexique et à Hawaii, en tant que musicien accompagnant les prestations solo de ori tahiti.
LES INFLUENCES MUSICALES
Lorsqu’on parle de ses idoles ou ses modèles, Noho cite Jason Mraz à l’international, qu’il admire comme chanteur, guitariste et compositeur. Localement, Teiva LC bien sûr mais aussi Rod Dannys pour les chanteurs, Angelo en tant que compositeur et Maruarii Ateni comme guitariste. Et lorsqu’il se déconnecte de la musique, Noho aime le surf et skate.
Nohorai est modeste et n’a de leçon à donner à personne, mais il encourage les jeunes polynésiens à ne pas être oisifs, et à vivre leur culture en se rapprochant du Heiva, pour devenir musicien ou danseur.
Nohorai Temaiana est, à coup sûr, un artiste dont on reparlera. Il a du talent et la modestie des gens sincères c’est pourquoi il n’est pas difficile de lui prédire une magnifique carrière.
1 voir portrait dans HOMMES DE POLYNÉSIE Steeve Hamblin
2 voir portrait dans HOMMES DE POLYNÉSIE, publication à venir
Laurent Lachiver
Rédacteur web
© Photos : Laurent Lachiver, Nohorai Temaiana