Mousse : Human Beatbox polynésien
Le beatboxing, cet art qui consiste à reproduire une rythmique et créer de la musique en utilisant sa bouche et sa voix, est aujourd’hui un de ses cinq piliers de la culture hip-hop aux côtés du rap, du djing 1, de la danse et des graffitis. « Mousse » fait partie de ces artistes locaux, capables de se transformer en boite à rythmes humaine, comme nous avons pu le constater samedi dernier, à l’occasion de “La Nuit de la Lecture” à l’UPF, où il offrait une démonstration aux côtés de « Malatexta ». Hommes de Polynésie met la lumière sur une figure montante de la scène beatbox polynésienne.
Un mélomane dans l’âme
Teheinui Mahé, de son vrai nom, est originaire de Moorea. Il s’installe à Tahiti pour étudier l’histoire à l’UPF, et travaille aujourd’hui comme archiviste dans un cabinet d’avocat.
Mais sa passion, c’est la musique. Électro, hip hop, dubstep, reggae, ses goûts sont éclectiques. Son ouverture à de nouveaux registres l’aide à se construire, en prenant le temps d’étudier et d’examiner le style, la structure et la composition de chaque genre.
« Sans musique la vie serait une erreur, regardez les jeunes qui se baladent partout avec leur Boombox ! Mis à part que les nuisances sonores se multiplient en ville, c’est plutôt cool comme partage. »
Le beatbox : une révélation
Un jour, Mousse se retrouve avec ses amis Tevaiti et Kevin, à faire du beatboxing pour la première fois. Quelque chose d’inexplicable se produit alors en lui, une vibration qui part de sa bouche et qui se propage dans tout son corps, et qui ne demande qu’à recommencer. C’est la révélation.
« Je leur avais demandé si je pouvais pratiquer avec eux, mais ils m’ont répondu que ça mettrait du temps et qu’il me fallait réviser les trois sons de base pendant trois mois. »
Mousse persiste et s’accroche, s’entraine en toutes circonstances, dans la rue, en marchant, et même inconsciemment, jusqu’à développer son style à lui : un mélange autoproclamé de plusieurs techniques qu’il exerce au quotidien. Il affectionne particulièrement les sons produits par l’aspiration d’air et le roulement de lèvres – une évidence lorsque vous regardez ses prestations.
À force de pratique, Mousse gagne en confiance, jusqu’à se lancer en public. Sa première scène sera à l’occasion de la “Fête de l’internat de Taaone”. Suivront “Les talents du fenua” sur TNTV, puis “Les talents de l’UPF”, le “Gala de la Xterra” de Moorea, et la semaine dernière “La nuit de la lecture” à l’UPF.
« Je ne souhaite pas particulièrement percer dans le beatboxing. Tant que je peux m’amuser et me perfectionner davantage, j’irais jusqu’au bout. »
Humble et modeste, malgré son talent, Mousse ne se considère pas comme un artiste.
“Un maitre est un éternel étudiant, et il faudrait déjà que j’en devienne un, mais même si cela devait arriver, je ne resterai qu’un simple étudiant.”
Fou, souriant et sensible, c’est un regard empli d’espoir et d’amour que ce jeune homme de 21 ans porte sur les jeunes générations.
“Nous avons une jeunesse pleine de potentiel, tant sur le plan sportif que sur le plan intellectuel, et je suis sûr que cette même jeunesse sera le salut de notre Fenua et fera bouger notre petit monde. Nous devons juste continuer à rêver et à garder espoir.”
1 L’art des DJ de mixer les disques
Vainui Moreno
Rédactrice web
© Photos : Moana Blackstone, Vainui Moreno pour Hommes de Polynésie