Matairii, l’esprit du va’a pour tous
Matairii Maire est un jeune Polynésien aux yeux brillants et au sourire convaincu. Fier de ses racines et de sa culture polynésienne, il cherche à se la réapproprier et à la transmettre à ses 2 enfants puis, il l’espère, à d’autres. Il est le fondateur de Va’a Spirit, qui propose aux touristes et aux rameurs étrangers de s’initier et de se perfectionner au va’a. Hommes de Polynésie a rencontré ce créateur-né qui ose faire bouger les choses.
Une initiative reflet d’une nouvelle génération polynésienne
Originaire de Moorea, la quarantaine, père de deux enfants, Matairii Maire a travaillé dans l’administration publique, puis dans le secteur privé avant de lancer son projet Va’a Spirit.
« Je suis plutôt un créateur-né et un ingénieur par hasard. »
Fervent protecteur de la nature, il fonde en 2005 avec des amis « Tore Tore » – une association pour la protection des requins, luttant contre la surpêche et la commercialisation de leurs ailerons.
« On avait le choix entre la libellule endémique ou les requins… On a pris les requins pour mieux séduire les filles ! »
« Membre actif de I Mua Nui à Moorea et secrétaire de Ocean Ride Expérience, 2 clubs de va’a de Moorea, je ne suis pas particulièrement connu dans le monde du va’a mais j’essaie à mon petit niveau de le faire progresser car je me suis vite rendu compte d’un décalage… »
« Je fais partie de cette génération décrite dans la chanson Fa’afa’ite du groupe Pepena… Nous sommes des Polynésiens influencés par de multiples cultures et nous ne maîtrisons ni notre langue, ni notre histoire, ni notre culture… et pourtant nous osons en parler. »
Ce constat d’un malaise profond, Matairii le fait personnellement pour le va’a, ce qui le pousse à se lancer un nouveau défi : Va’a Spirit.
Insuffler l’esprit du va’a et en faire une économie rentable
« Membre actif de I Mua Nui à Moorea et secrétaire de Ocean Ride Experience, je ne suis pas particulièrement connu dans le monde du va’a, et pourtant je me suis vite rendu compte d’un décalage… »
Le constat est sans appel :
« Nous pratiquons le va’a depuis des générations sans que la Polynésie n’ait de cadre spécifique pour protéger et valoriser notre savoir-faire, dans la construction de pirogues comme dans l’enseignement de cette pratique. »
Matairii monte son projet, qui attire très vite l’intérêt. En 2016, il obtient un prix au concours de création et développement économique des entreprises du Ministère de la relance économique et de la politique numérique, puis le prix d’encouragement de l’appel à projets touristiques de l’Assemblée de la Polynésie française. Il se présente à PRISM en 2017, et intègre la première promotion de ce propulseur de start-up et de talents.
« J’ai reçu beaucoup de soutien, de conseils, de formations et de contacts. »
Structuré et prometteur, son projet remporte le prix spécial du jury au concours de l’innovation numérique de 2017 – de quoi l’aider à structurer les premières offres à destination des touristes.
« Le monde du va’a fonctionne essentiellement sur une base de bénévoles, ce qui est formidable. Par contre, il n’est pas correct de ne pas rémunérer les nombreux coachs qui consacrent 6 jours sur 7 à l’encadrement des pratiquants. »
L’objectif de Va’a Spirit est de développer durablement ce sport, en labellisant son savoir-faire et en créant une activité marchande autour.
Le va’a, un secteur porteur pour l’image du fenua
Matairii se bat pour faire bouger les lignes. En lançant Va’a Spirit, il se rend compte de l’ambition de son projet et prend conscience d’un enjeu encore plus capital : celui de nos valeurs.
« Le va’a t’enseigne l’importance de l’humain, l’humilité et combien tu dois être fort et bien dans ta tête pour arriver au bout de la course. C’est l’esprit libre et libérateur du va’a. »
Soucieux de l’héritage qu’il laissera à ses deux enfants, Matairii souhaite, à travers Va’a Spirit, «montrer qu’il est possible en Polynésie d’oser imaginer de développer son pays grâce à la richesse de son patrimoine naturel, humain et culturel ».
Plus d'informations
Sur la page Facebook Vaa Spirit
Céline Hervé Bazin
Rédactrice web
© Photos : Tahiti Zoom (couverture), Matairii Maire