Manaiva Sage, y a-t-il un jazzman dans l’avion ?
Le concert du Big Band du Conservatoire artistique devait avoir lieu en mars dernier, mais le confinement en a décidé autrement. Reprogrammé ce vendredi 19 juin pour la fête de la musique, il est l’occasion pour Hommes de Polynésie de vous présenter Manaiva Sage, un jazzman polynésien créatif et engagé.
La première comédie musicale 100 % locale avec l’association Poiete
Si vous ne le connaissiez pas avant, vous en avez surement entendu parler en 2019, avec la comédie musicale 100 % made in fenua qu’il a présentée en tant que président de Poiete, association composée de jeunes Polynésiens actifs dans le milieu de la musique et du théâtre.
“Poehere te metua, c’est avant tout un hommage musical à Bobby Holcomb. Nous nous sommes inspirés de la légende de l’arbre à pain, entrecoupée par des musiques de Bobby que nous avons revisitées.”
8 comédiens et 20 danseurs sur la scène du Grand théâtre, rien que ça ! Manaiva s’occupe des arrangements musicaux et de l’orchestre, que l’association a voulu à la fois moderne (batterie, basse, guitare, clavier, chœurs) et traditionnel (tō’ere, pahu tūpa’i) – un vrai métissage musical qu’on doit à sa formation au Conservatoire artistique, le CAPF.
“Pour l’anecdote, Teremu Leroux (qui a joué Paraumaha’ore) a dû improviser pendant le spectacle. Pour l’équipe et les artistes en backstage, c’était stressant car nous étions au courant du souci technique, mais le public s’est bien amusé et ne s’est douté de rien.”
Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à l’unique représentation en novembre dernier, Manaiva espère pouvoir reprogrammer Poehere te metua fin 2020 à la Maison de la Culture, et présenter un nouveau spectacle en 2021.
“Le défi, c’est que ça ne ressemble pas à un spectacle de danse mais bien à une comédie musicale.”
Un artiste les pieds sur terre et la tête dans les nuages
La musique rythme la scolarité de Manaiva. Il commence par des cours de guitare et de piano au CAPF, puis pendant sa licence en Économie-Gestion à l’UPF1 monte son petit groupe Manaiki (qui deviendra ensuite Pepena).
Puis c’est le départ en France en 2010 pour deux années de master à Bordeaux à l’INSECC, école de commerce, et une année à … l’ENAC, école nationale d’aviation civile à Toulouse.
“De retour au fenua pour un stage de 6 mois en 2013, on se disait avec les jeunes de mon âge qu’il faillait revenir avec nos compétences pour s’impliquer davantage pour l’intérêt général.”
Cette réflexion l’amènera quelques années plus tard à s’engager dans les concerts caritatifs des Tamarii Hauti et en politique.
À son retour, il compose donc avec ses deux passions : l’aviation – qui devient son métier grâce à son brevet pilote en 2014 – et la musique. Il participe également au Heiva comme guitariste ou danseur: en 2014 avec Toa Hiva, en 2015 avec ‘Ori Tahiti, en 2017 avec Tamariki Poerani [troupe lauréate en Hura Tau cette année-là], et 2018 avec Tahiti Hura [troupe lauréate en Hura Ava Tau cette année-là].
Puis il reprend un cursus guitare au CAPF, s’entiche du jazz et intègre alors le Big Band Jazz. Il passe son certificat d’études musicales en 2019 – certificat qui lui sert aujourd’hui de “bagage, de légitimité pour monter des projets culturels et musicaux. ”
Une fête de la musique au CAPF avec le Big Band Jazz
Chaque année en mars, pour les Nuits du Jazz, Manaiva Sage se produit au petit théâtre de la Maison de la Culture avec le Big Band du Conservatoire. Mais cette année, la Covid-19 en a décidé autrement. Le concert a été reprogrammé par le CAPF pour la Fête de la musique, aux côtés du département Musiques actuelles.
Vendredi 19 juin seront réunis sur scène les 5 saxophones, 4 trompettes, 4 trombones, la section rythmique (batterie, basse, guitare) et le piano du BBJ, soit pas moins de 17 personnes, principalement des élèves du Conservatoire.
Artiste engagé pour son fenua, Manaiva aime à se rappeler cette phrase de J.F. Kennedy : “Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays”.
“Ce qui me drive dans la vie, c’est l’accomplissement de soi, le fait de s’impliquer dans plein de projets. Et si par la même occasion, cette implication me permet d’aider les autres ou mon pays, c’est encore plus gratifiant pour moi.”
1 Université de Polynésie française
Plus d'informations
Fête de la Musique dans le jardin du Conservatoire artistique de la Polynésie française
Vendredi 19 juin de 17 heures à 20 heures
Big band Jazz et département des Musiques actuelles
Découvrez le portrait de Teremu, un artiste à la poursuite de ses rêves
Vaea D.
Rédactrice web