Karl Brillant, la scène et l’émotion
Connu sous son nom d’artiste Raka, Karl Brillant vit pleinement de sa passion pour la danse. Un dévouement qui l’a emmené à la découverte de plusieurs pays, où il a côtoyé ce qui se fait de mieux dans cet univers qu’il affectionne tant. Si le parcours de Karl en impose, son rire léger et son tempérament solaire achèvent de détendre l’atmosphère. Volubile, le danseur évoque sur Hommes de Polynésie pêle-mêle son enfance, ses souvenirs dans le monde de la danse, ses rencontres hors du commun…
J’aurai voulu être… un danseur ?
C’est à Nouméa, le 13 avril 1970, que Karl Brillant voit le jour.
“Mes parents sont polynésiens mais j’ai profité de leur visite chez mes grands-parents en Nouvelle Calédonie pour naître.”
Puis il grandit à Paea et trace un parcours scolaire à Papara, obtient un bac électro-technique ainsi qu’un BTS maintenance au lycée de Taaone, avant de s’essayer pendant deux ans en Maths Physique puis anglais à l’université, “pour finalement ouvrir une porte qui n’a rien à voir avec tout ça.”
Karl a 22 ans le jour où Coco Hotahota 1, qui est un ami proche de sa mère, le remarque et lui propose de faire partie de son spectacle qui avait pour thème la folie. À ce moment-là, Karl ne portait pas encore d’intérêt à la danse tahitienne et à sa culture.
“Il disait qu’il lui fallait un 2e fou pour son spectacle, que je n’avais pas besoin de savoir danser, seulement de me contenter de sourire et d’être dans les nuages… et j’avais beau refuser, je me suis quand même retrouvé aux dernières répétitions, puis à Taraho’i, avec mon petit ‘maro’ blanc.”
Cette rencontre change la vie de Karl, qui se consacre entièrement à la danse pendant les 15 années qui suivent. Celle-ci le renoue avec sa terre, sa culture, son île, et lui donne envie de partager tout cela à travers la danse et la musique.
“J’intègre le groupe Temaeva en 92, et effectue la même année un 1er voyage à Hawaii, puis un 2e à l’occasion du Festival des arts à Rarotoa.”
Plus tard, Coco le pousse à intégrer également le groupe Toa Reva, tenu par Manouche Lehartel.
“Toa Reva m’a accueilli avec beaucoup de confiance. C’est devenu aussi ma famille.”
« Show au méridien, Toa Reva a été la première troupe à avoir une séquence danse du feu jusqu’à sept ou huit danseurs, tous les vendredi et samedi soir. D’habitude, le danseur de feu qui fera sa prestation au milieu d’un show ne fait pas partie de la troupe et se produit là où on le sollicite. Chez nous, tous les danseurs devaient le faire… J’ai adoré ça, un autre moment magique. »
Quelle aventure !
Une aventure très riche et bien remplie, tant au niveau des répétitions qui allaient jusqu’à quatre fois par semaine, “du lundi au jeudi, et quatre shows par semaines du mercredi au dimanche.”
Deux ans après, Karl a l’opportunité de représenter Tahiti en France pour participer aux jeux de la francophonie en danse traditionnelle. L’année suivante, il enchaîne avec son premier Heiva avec Toa Reva, ainsi que ses premières chorégraphies sous la direction de Manouche. La même année il s’associe avec sa cousine Mehiti Hart 2 et ouvre une école de danse traditionnelle.
“Une école afin de transmettre cet art rattaché à notre Fenua. Je suis passé de prof à costumier, couturier et chauffeur pour les élèves. Ce fut une période chargée en émotions et je suis tellement heureux et fier de voir nos petits danseurs-euses sur la scène de To’ata aujourd’hui.”
Karl enchaîne bon nombre de tournées à l’international pour la promotion du fenua. Il rencontre du monde dans ce milieu ainsi que des cultures diverses… Il connaît tous les postes en lien avec la danse, et se fait un nom en tant que chorégraphe.
“Mon dernier Heiva s’est déroulé en 2007, puis nous avons décidé d’arrêter l’école de danse car Mehiti était malade et devait partir en France pour se soigner.”
« 2003 à To’ata, cette année-là pas de concours, mais un festival. Une troupe de Papeete, Pare Nui: je me suis occupé des garçons et de leur choré. »
Aladdin
Installé à Tahaa, à la ferme perlière de sa belle-famille avec sa femme et leur premier fils, la danse n’est plus, mais le besoin de créer se fait ressentir et c’est ainsi que naît né Raka Design…
« Des perles et du cuir… et voilà ma nouvelle passion ! »
« Un pic à cheveux que j’ai fait avec du miro, de la nacre, des perles et un câble inox. Je n’ai jamais réussi à m’en défaire, impossible de le mettre sur la table de vente, je l’ai toujours, même si je n’ai plus de cheveux ! (rires) »
A ce jour, Raka est toujours sollicité lors des compétitions de Ori Tahiti à l’étranger, et accompagne aussi sa femme sur scène.
Il assiste également la décoratrice Nadia Kincses-Deak pour le montage du décor et assiste depuis les coulisses aux spectacles de l’académie d’Annie Fayn. Cette dernière qui propose chaque année un spectacle avec un thème différent. C’est Aladdin qui est prévu pour 2020. Et devinez qui a été choisi pour jouer le rôle du génie de la lampe ?
“J’ai le crane rasé et je porte des boucles d’oreilles, donc forcément elles ont pensé à moi.”
Karl prend plaisir à jouer avec des artistes en herbe et d’autres confirmés comme Tuarii Tracqui, qui tiendra le rôle d’Aladdin.
“Je suis très fier de Tuarii. On se retrouve souvent dans le milieu de la danse.”
Retrouvez-les sur la scène du grand théâtre les 20 et 21 mars !
Raka, si tu pouvais réaliser 3 vœux, que choisirais-tu ?
» Un monde meilleur, que nos enfants prennent la bonne voie et soient heureux, et enfin, libérer le génie ! (rires) «
1 fondateur de la troupe Temaeva considéré comme le chorégraphe majeur du Ori Tahiti
2 Meilleure danseuse du Heiva 1991 et 1993
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Vainui Moreno
Rédactrice web
© Photos : Raka