Christophe Cordier, artiste multidimensionnel et partageur d’émotions
Quand on se rend chez Christophe Cordier, à Taiohae, on se sent tout de suite bien. C’est chaleureux, simple, bienveillant. Co-réalisateur du film documentaire « Patutiki, l’art du tatouage des îles Marquises », prix du public lors de la dernière édition du FIFO en février 2019, il vit sur l’île de Nuku Hiva depuis plusieurs années. Hommes de Polynésie. partage avec vous cette rencontre.
Une histoire de musique
Animé depuis toujours par la musique, il rencontre différentes générations de musiciens marquisiens. Ils jouent ensemble et l’alchimie opère. Résultat : Sortie lors du Matavaa en 2011 de deux albums enregistrés chez lui.
« Mon moteur dans la vie : l’humain, les rencontres, la musique, le cinéma, la création. »
En 2013, il rassemble une équipe de passionnés, et ensemble ils créent le 1er festival de musiques actuelles « Eo Himene ».
« C’était avant tout l’envie d’avoir une vraie scène et que les groupes marquisiens puissent jouer une fois tous les 2 ans dans des conditions optimales. »
10 tonnes de matériel sont acheminées par cargo depuis Tahiti sur le pa’epa’e Temehea à Taiohae, pour offrir deux jours de concerts, où des artistes marquisiens côtoient des artistes de toute la Polynésie. Au total, près de 50 musiciens se réuniront, parmi lesquels Tikahiri, Pepena, Andy Tupaia, Manahune, Michel Poroi, Yellowstone… Aujourd’hui, « Eo Himene » est devenu un rendez-vous musical incontournable, et célèbrera sa 4ème édition en 2020.
De La Réunion à Nuku Hiva.
Puis, Christophe décide de quitter la Polynésie avec sa famille, et de s’installer à La Réunion, dans le petit village de Salazie, au cœur de l’île. Très vite ils sont adoptés par les habitants. Le Maloya 1 crée de belles rencontres humaines et musicales, qui résulteront en l’enregistrement d’un album, mélangeant percussions traditionnelles, cuivres, claviers et guitares.
Malgré la richesse humaine et artistique de leur vie réunionnaise, le mana le possède et le mal du pays se fait de plus en plus pesant. En juillet 2016, les retrouvailles avec Nuku Hiva sont fortes en émotions, comme un retour dans leur famille.
Parmi ses amis il y a Heretu Tetahiotupa 2 , avec qui les liens se renforcent. Les deux artistes partagent la même passion pour la musique, la culture, l’envie de connaissances, la curiosité, le partage. Heretu lui fait part d’une idée de documentaire proposée par Teiki Huukena, sur le tatouage marquisien : le Patutiki.
S’ensuivent deux années de recherches, de déplacements et de rencontres avec les Marquisiens de tout l’archipel, qui donneront naissance au film documentaire « Patutiki, l’art du tatouage des îles Marquises », présenté en avant-première aux habitants du Henua Enana.
Débute alors une tournée de cinéma itinérant dans chacune des vallées habitées des Marquises, avec l’association « Patutiki » et son président Teiki Huukena.
« Revenir dans les vallées pour projeter le documentaire à la population a été une chance incroyable pour nous réalisateurs ; c’est une aventure humaine et un moyen de rendre hommage à la culture marquisienne. »
Aujourd’hui, une nouvelle étape est sur le point d’être franchie. Les réalisateurs, accompagnés de leur producteur Mike Alezrah, se sont envolés pour les États-Unis. Séduits par leur documentaire, les studios Sony Pictures de Los Angeles leur ont proposé de travailler ensemble sur une version anglaise en 4K et remastérisée aux normes internationales.
« Ce fut une expérience incroyable et très enrichissante, au-delà de nos espérances. Pouvoir accéder à ce genre de lieux, de moyens et de personnes, d’observer la manière de travailler des Américains. Nous avons appris à chaque instant. »
1 Musique traditionnelle réunionnaise
2 Lire le portrait de Heretu Tetahiotupa
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Aurélie Levené
Rédactrice web
© Photos : Aurélie Levené, Christophe Cordier, Eo Himene