Bruno Demougeot : l’accord parfait entre passion et transmission
Certains ont la révélation d’une vocation très jeune. C’est le cas de Bruno Demougeot, pianiste, coach vocal et pédagogue. Baigné dans un milieu musical depuis son plus jeune âge, avec un parcours atypique, c’est tout naturellement dans un environnement artistique qu’il s’épanouit aujourd’hui. Avec un piano pour confident, pour faire écho à ses sentiments. Hommes de Polynésie vous en dit plus.
LA MUSIQUE ? UNE HISTOIRE DE FAMILLE
Originaire de Raiatea et de Huahine, c’est à Tahiti que Bruno voit le jour. Sa mère Vilna ATAE, ses grands-parents, Thérèse et Atae ATAE l’élèvent dans le partage, l’humilité et l’amour d’une vie simple.
« J’ai toujours parlé tahitien avec eux. Mon arrière-grand-père Tutea ATEA était pianiste à Huahine et aussi un des piliers de l’église adventiste. »
Les mélodies de guitare de son oncle Léopold ATAE et de piano de sa cousine Sophia FISILAU bercent son enfance. À l’âge de 9 ans, son premier professeur de piano, Michel Cadousteau, directeur de chorale et ami de son grand-père, le pousse à diriger sa première chorale d’enfants.
« Michel avait une influence américaine du fait qu’il importait des partitions de chorale des USA. Finalement, j’ai grandi entre les cantiques tahitiens et les gospels américains. »
Bruno rêve alors de devenir professeur de piano. Alors qu’il passe son bac de communication, cet idéal lui semble inaccessible.
« Très tôt, j’ai pensé que je ne pouvais pas être professionnel.
– As-tu fait le conservatoire ?
– Ben non… »
Malgré tout, il suit des cours au Conservatoire pour approfondir ses connaissances en solfège à l’âge de 20 ans et commence ses cours de jazz avec Frédéric Rossoni.
LA VIE ACTIVE ? UN PARCOURS DU COMBATTANT
Son premier boulot, c’est pianiste à l’ouverture du Méridien. Bruno ne connait alors pas grand-chose du répertoire jazz moderne populaire. Il est ensuite professeur de musique au collège Pomare pendant 6 mois.
« Je n’ai pas accroché. »
Bruno est alors moniteur au Foyer d’Actions Educatif. Exprimant ses capacités d’animation et de contact avec les jeunes, il y travaillera pendant deux ans.
« Je pensais ne pas pouvoir être professionnel de la musique. »
Il suit une formation en informatique au CFPA, puis à Montpellier, avec l’idée de faire de la Musique Assistée par Ordinateur. À 23 ans, Bruno se marie avec Leilani qui passe alors son agrégation de Physique Chimie.
« On m’a proposé un boulot chez Mana, j’ai eu de la chance. J’y ai bossé 10 ans et appris beaucoup de choses. Mais j’avais toujours l’espoir de vivre de la musique et j’étais lassé d’être salarié. »
Parallèlement, Bruno devient chef d’orchestre du Penu d’Or avec Gaby Cavallo, du Nescafé Star en 2009 et accompagne au piano de nombreux artistes locaux en concert dont GABILOU à l’Olympia.
LA CONFIANCE ? VENUE AVEC LE TEMPS
Un tournant dans sa vie : la naissance de son premier enfant, Hiro’a, à 30 ans.
« La vie passe, sans vivre de la musique. N’ayant pas eu une solide éducation du conservatoire, je n’étais pas en confiance pour faire le métier. »
Bruno retourne alors au Conservatoire à 35 ans et obtient son diplôme d’études musicales mention TB à l’unanimité, le dernier diplôme en jazz.
Il créé aussi son premier groupe de jazz Coconut Jazz avec ses amis, Teiki Lang (Basse), Reva Juventin (Chant), Jean-Philippe PORTA (Batterie).
« On m’a toujours démoralisé.
– T’es né à Tahiti ? T’as pas le niveau ! »
Marie Hugo, prof de piano pendant plus de 10 ans au conservatoire, lui propose de travailler avec elle à l’Ecole de Musique de Tahiti.
« De 2014 à 2019, je suis resté auprès d’elle pour apprendre le métier. »
En parallèle, le Conservatoire a besoin d’un coach vocal suite au départ de Mimifé.
COACH VOCAL ? POUR TRANSMETTRE LA PASSION QUI LE MOTIVE
Encadrer les personnes qui veulent apprendre à chanter, leur inculquer les techniques vocales et les mettre à l’aise afin de leur redonner confiance en elles : un partage source d’épanouissement.
« J’ai 36 élèves, de 8 ans à 60 ans. Mon fils de 10 ans joue du piano depuis l’âge de 4 ans. Mon deuxième fils de trois ans, ça viendra bientôt. »
Le déclic pour devenir coach vocal, Bruno l’a eu lorsqu’il accompagnait Natihei pour The Voice.
Durant le confinement, il décide de faire de la continuité pédagogique. Toute l’année, ses élèves travaillent sur des chansons techniques.
« J’ai décidé de les éditer en vidéo. Je prépare les bandes sons, vérifie si la tonalité est correcte. Mes élèves s’enregistrent et envoient leur vidéo. Je fais ensuite un montage. Ça a eu un succès fou. »
Aujourd’hui, Bruno souhaite profiter du temps qui reste pour aider les jeunes qui rêvent de faire une carrière dans la musique et qui pensent que ce n’est pas possible car « on est à Tahiti ».
« On nous dit que le monde va sombrer. Mais en attendant il faut bien s’en occuper. »
PLUS D'INFORMATIONS
Youtube : Bruno Demougeot
Tehina de La Motte
Rédactrice web
© Photos : Bruno Demougeot