Karl Wan : la mode, incontestablement !
Ils peuvent passer toute leur vie à la rêver comme ils peuvent, vivre la vie dont ils rêvent. Ils, ce sont les hommes. En Polynésie Karl Wan a définitivement choisi de vivre son rêve. Une soif de réussite qui a poussé Hommes de Polynésie à se pencher sur ce talentueux phénomène polynésien du prêt à porter féminin.
« HENRIETTE »
Tout a déjà été dit, écrit, filmé sur Karl ou presque. Presque parce que Karl parle de lui comme un « Wan pauvre », mais reconnaissant de sa richesse culturelle…celle transmise par Henriette Wan. Une institutrice devenue directrice d’école. Elle lui inculque les valeurs de la vie avant celle de la vie en société.
Henriette est sa grand-mère. Avec son grand-père agriculteur, ils seront ses tuteurs à Pueu. Là-bas il coulera des jours heureux à mener une vie simple avec pour principe : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l’on te fasse ». Celui qui adore manger des M&N’s devant un bon Disney ne sait pas encore à ce moment-là qu’il fera de la mode son univers professionnel.
« C’est notamment grâce à ces valeurs que je suis plutôt bien accueilli dans le milieu de la mode ici, en métropole, les gens sont bienveillants à mon égard. »
Arrive 2013. Comme beaucoup de jeunes de son âge, Karl est friand de nouveauté. Mais celle qu’il s’apprête à vivre va lui procurer sa première montée d’adrénaline. Elle débute par une innocente publication sur Facebook d’une photo d’une jeune femme au Canada posant dans une robe signée… Karl Wan ! C’est le buzz. Un coup du destin qui se transforme en coup de génie, le début de sa success-story.
LA MODE PASSIONNÉMENT
Comment ce rêve, cette passion est devenue réalité ? Karl répond grâce à une détermination sans failles, énormément de travail, qui finalement n’est pas considéré comme tel car étant avant tout une passion. Il avoue ne pas se rendre compte qu’il travaille énormément parfois et d’ajouter :
« Beaucoup d’échecs également mais surtout suivis d’une remise en question constante, « l’envie de faire mieux et de ne jamais abandonner. »
Entre sa passion et lui : « Nous » sommes en ce moment sur la même longueur d’onde J » Mais Karl est constamment en recherche du « mieux faire ». Il est animé par cette envie de s’améliorer dans son travail mais aussi en tant que personne. Toutefois, il est content de s’être toujours autorisé à se dire que tout serait possible s’il se donnait vraiment les moyens d’y arriver.
« Je suis ravi de ne jamais avoir donné d’importance aux dires des personnes (amis, familles etc.) qui pensaient le contraire et ne croyaient pas en moi, en prétendant que cette voie était « beaucoup trop dure » pour moi et qu’il valait mieux « redescendre sur terre » »
Les personnes à avoir eu un impact positif dans sa vie se comptent sur les doigts d’une main. À l’exception des femmes de sa vie qui l’ont toujours soutenu dans l’accomplissement de sa personne et dans son travail, il est un fan inconditionnel de Céline Dion et Lady Gaga : « que je rêve d’habiller ! Elles m’inspirent dans leurs déterminations et leurs forces de travail. »
Karl est de ceux qui se projettent. Il visualise clairement la concrétisation de son projet de création de Maison de Couture Française à l’ADN Polynésien. Il voit aussi clairement sa marque présentée et dévoiler à l’occasion de sa sélection à la finale de la 12ème édition du « Concours National des Jeunes Créateurs » organisé par le Studio ISC PARIS association étudiante de l’école de commerce ISC Paris Business School…
« Eventuellement la présentation de ma nouvelle marque à la Tahiti Fashion Week , à celle de Vancouver qui vient de m’inviter pour la seconde fois à défiler chez eux. Reste à trouver les financements. »
UN « WAN » RICHE DE CULTURE
Avis aux futurs sponsors et mécènes susceptibles de le soutenir : « je suis plus que preneur ! Les gens pensent souvent à tort que j’ai d’énormes moyens car je porte un nom connu en Polynésie alors que pas du tout, je suis un « Wan » pauvre ! »
L’ambition ultime pour cet enfant du fenua est de développer la « Marque au maximum et être en vente dans les boutiques les plus branchées du monde ! »
Le mana qui se dégage de cet artisan des temps modernes est si perceptible que les gens le ressentent à chaque fois qu’il a l’occasion de parler de sa passion. Agréablement surpris de constater que pour réaliser ce projet de vie Karl s’est autorisé à tout quitter en Polynésie.
« Je pense que ce qui touche les personnes que je rencontre, c’est juste que je suis honnête avec ce que je fais et avec qui je suis. »
Vivre en Polynésie est un luxe dont se rend quotidiennement compte Karl comme il est aussi limpide pour lui qu’il est important, quand on est créateur, d’avoir la possibilité de voyager, de voir autre chose afin de s’imprégner de ce qu’il se passe dans le monde.
« En tant que créateur j’essaie d’avoir une vision globale des choses pour trouver de l’inspiration. Je suis beaucoup plus créatif quand la Polynésie me manque. »
Karl affiche une telle détermination que l’on ne peut que suivre le mouvement en l’aidant à réaliser son projet. Karl Wan ne se considère pas comme une référence parce qu’à ses yeux peu de gens le connaissent, toutefois les valeurs polynésiennes dans lesquelles il a été élevé lui ont permis d’avoir le recul nécessaire sur sa vie. D’être fier d’avoir appris à développer l’empathie, l’entre aide et aussi le fait de ne pas juger les autres.
« Si mon parcours peut inciter certaines personnes à s’autoriser à vivre la réalité qu’ils estiment mériter, c’est déjà pas mal ! L’Homme polynésien vit avec son temps, il a toutes les cartes en main pour réussir, Il suffit juste de se donner les moyens de réussir ! je souhaiterais donc lui dire de croire en lui, le reste n’est que détails. »
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Karl Wan, Angélo Yee Kin Choi, Emmanuelle Goussot, Marc Williams