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Rocky Gobrait, le KING du Fenua

Rocky Gobrait, le king du Fenua

Publié le 4 octobre 2018

Le 8 janvier 1935 naquit Elvis Aaron Presley à Tupelo, aux Etats Unis. Rien de bien extraordinaire jusque-là. Pourtant, il sera en 1956 à l’origine d’une révolution culturelle sans précédent. Le KING du rock’n’roll enregistre 131 albums. Des titres qui feront le tour du Monde. Et dans une famille de boxeurs à Tahiti, le rockeur va faire chavirer le cœur du petit Rocky Gobrait. La Polynésie tient son KING. Il a accepté de révéler un pan de sa vie à Hommes de Polynésie.

« J’ai commencé ma carrière avec des personnes qui ne croyaient pas en ce que je faisais, pire, ils se moquaient de moi… Aujourd’hui ils me félicitent ! »

Ceux qui s’en souviennent savent que la Famille Gobrait était une fabrique à champions.

« Mon père Hubert et ses frères ont tous été champions de boxe, donc il fallait qu’on le fasse. Moi, mon grand frère, mes cousins, Patrice, Richard, on a tous fait de la boxe. »

1978, Rocky a 5 ans

« Quand j’étais petit, on buvait notre café avec Papa sur « It’s now or never » ou « Love me tender ». Quand tu es enfant tu mémorise tout ça.  C’est comme ça que l’on a vraiment connu l’acteur, le grand chanteur qu’il a été. Et après papa s’habillait à la mode d’Elvis. Il avait le col haut, les chaines, les bagues… le style Elvis, il adorait sa façon de s’habiller, sa façon de se coiffer. Je voyais aussi des posters d’Elvis chez mes taties et tontons, c’est pour dire que toute la famille était fan d’Elvis. »

1985, le père de Rocky investit dans un business… à Hawaï. Dans ses bagages : le jeune Rocky. Leur arrivée coïncide avec un nouveau mode de divertissement : le karaoke.

« Dans les salles, je me rappelle il y avait du monde partout ! C’est comme ça que je me suis mis à chanter. Et à cette époque les titres d’Elvis passaient en boucle. »

Il ne lui en fallait pas plus pour abandonner la boxe. Rocky ne cache pas non plus son désintérêt pour les études. Alors son père l’emploie dans son agence. Il apprend le métier et la langue. Le soir il chante au karaoke. 3 ans passent et quelques jours avant son retour sur Tahiti, il retrouve un ami au Waikiki Beachcomber.

« Et ce jour-là, qui je vois ? Un monsieur, demi hawaiien/tahitien, il apprend par l’annonce que je venais de Tahiti, il vient me voir et me dit : « Rocky tu viens de Tahiti ?  Parce que je m’en vais demain, je vais monter une boite à Tahiti qui va s’appeler le Salvani’s café, et j’aimerais bien que tu sois l’animateur de mes soirées »

Un incroyable concours de circonstances

« C’est un coup de chance, je suis venu avec lui. Il a monté sa boîte, c’est comme ça que j’ai fait des petits shows. Et quand j’ai commencé à me lancer sérieusement dans l’imitation d’Elvis, j’ai fait mes débuts au Country Club à l’occasion d’un repas de fin d’année. J’étais stressé pour la première fois. Je ne savais pas comment le public allait réagir, et finalement il a bien réagi, le spectacle a été une réussite. Tout s’est bien passé, et là je me retourne vers mon père et lui dit : « Papa, je veux me lancer ! » »

1990, Rocky a 20 ans. Il commande ses costumes localement auprès d’une couturière. Chez lui, l’arrière cours du terrain familial est transformé en studio de répétions.

« Et là tous les jours je m’entraîne, puis arrive les premiers contrats. Le Paradise m’a propulsé dans le show ELVIS. D’ailleurs j’ai été récompensé d’un trophée pour avoir été l’artiste qui a fait le plus de concerts dans l’établissement. »

Avec son père, ils lancent la mode du Karaoke à Tahiti. Le Rolls, le Paradise, l’Apetahi. Hubert est son plus grand fan.

« Il adore Elvis et il était fier que quelqu’un représente Elvis ici au Fenua, je le rendais heureux comme ça. »

Rocky chante Elvis à Tahiti, dans les îles, à Hawaii, à Las Vegas, à Memphis. L’hexagone n’est pas en reste. Il rafle des titres et fait le tour du Monde avec dans ses valises 12 costumes. Valeur des tenues de scènes : plus de 3 millions de francs. Imiter Elvis est un métier.

« Je travaille avec Elvis Presley Entreprises, notamment pour les costumes, les concours. J’ai fait le monde entier grâce à la musique. Et aujourd’hui quand tu vas en Amérique, ils te disent : « oui il y a un imitateur tahitien, il s’appelle Rocky Gobrait ». »

Résultat Rocky Gobrait est localement indissociable d’Elvis Presley depuis… 25 ans.

« L’an dernier j’ai fêté les 40 ans de la disparition d’Elvis avec le conservatoire. Une magnifique soirée avec 57 musiciens. J’ai été récompensé par le ministre de la culture pour mes 25 ans de carrière en tant qu’imitateur d’Elvis. Ce trophée récompense mes années de contrats, de CDs, d’une passion que j’ai réussie à faire partager au sein de ma famille. Ça a été dur, aujourd’hui je ne dirais jamais assez merci à mes sponsors. J’ai perdu mon meilleur sponsor avec mon père. Je n’oublie pas que toutes ces bonnes choses ont une fin. Faut penser à sa retraite, aujourd’hui j’ai 45 ans. »

Rocky a trois enfants, tous liés à Elvis par leur prénom : Lisa-Marie, Grace et… Elvis. Même s’il ne s’est pas réveillé un beau matin en se disant « Je veux être un imitateur d’Elvis » ce qui l’importe désormais c’est que ses enfants soient fiers de lui.

« J’ai écrit un livre dans lequel j’indique à ma fille la valeur de la photo que l’on a prise à Memphis, dans le salon de la maison d’Elvis Presley. Ce matin-là, Grace avait pris son petit déjeuner devant la maison d’Elvis. »

A ce jour, Grace land est la résidence privée la plus visitée aux États-Unis et dans le monde… A Tahiti, Le King Of Polynesia n’a pas encore raccroché. Il vient même de finir un dernier album. Et inédit, une chanson en tahitien figure au répertoire… la préférée de son père. Avant de prendre congé, Rocky nous confie être très attaché à ses racines, aujourd’hui encore plus qu’hier.

« Passez du temps avec votre famille, petit déjeuner, déjeuner, diner. Moi ça me manquait de ne pas avoir les miens autour de moi quand j’étais en tournée du mercredi au dimanche ici comme ailleurs. Ces moments-là nous les avions avec mon papa, même lorsque nous étions plus grands, nous étions toujours à table avec lui, nous étions au complet ! Profitez de ces moments-là, ils sont les plus importants parce qu’un jour il y en aura un qui ne sera plus là. »

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Rocky Gobrait

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