Tahiarii, cœur polynésien dédié à la transmission
Visionnaire, passionné, décidé, Tahiarii Yoram Pariente se définit comme conservateur de la culture et de la nature. Cet explorateur au long court a parcouru les océans pour conquérir et partager sa passion, celle du triangle polynésien de nos ancêtres. Hommes de Polynésie a rencontré ce guide engagé.
La transmission dans le sang
Tahiarii ou « Tahi » grandit entre Cherbourg, la ville de son père adoptif et la Polynésie de sa mère originaire de Raiatea. C’est à Tahiti qu’il effectue sa scolarité et ses études à l’Université de Polynésie française avant de commencer une exploration personnelle à la conquête de ses racines et de qui il est.
« Quand j’étais jeune, je vivais avec mon grand-père, ça m’a donné l’envie de transmettre. À 15 ans, j’ai dû faire un choix et j’ai eu 24 heures pour décider… Avec cette décision, je suis devenu un porteur de ma culture. »
Une quête de lui-même
À partir de 1999, Tahi explore l’Australie, la Nouvelle Calédonie et Hawaï où il ouvre l’horizon de ses perceptions sur sa culture polynésienne. Tout en travaillant pour différentes sociétés, ce sont les échanges humains qui lui font comprendre le sens de sa quête. Il débute alors une initiation à la navigation traditionnelle, l’Aveia suivant les pas des Ario’i, les initiés et apprentis des arts polynésiens.
« J’ai appris le leadership, à être le capitaine, celui qui dirige car il sait où il va. Avec la navigation, tu apprends à aiguiser tes sens, tes capacités à ressentir les personnes et tu développes l’empathie avec la nature… C’est une ouverture à l’autre et à toi-même qui s’opère. »
En 2010, Tahi part sur la pirogue Te Matau a Maui à la rencontre des peuples du triangle polynésien : île de Pâques, Kiribati, Nouvelle Zélande… Il vit la culture mao’hi, celle du triangle polynésien.
« J’ai traversé les océans avec la lune et les étoiles et j’ai vécu ma culture… S’il y a une chose que je retiens, c’est que je ne peux pas expliquer ma culture mais je peux aider à la ressentir et à la vivre. »
La conservation de sa culture
Pour Tahi, c’est le début de son engagement. Lui qui n’a jamais vraiment quitté son fenua, il s’investit dans différentes activités de promotion de la culture polynésienne avec le tatouage à travers Tattoonesia, premier festival de promotion pour le tatouage en Polynésie ; la danse qui l’emmène jusqu’à Doha ; ou encore la restauration d’objets d’art en Angleterre, Nouvelle Zélande ou à Hawaï.
« Je me souviens de ce moment dans un musée où nous avons organisé une célébration pour l’inauguration d’un département sur la Polynésie pour faire honorer les objets exposés qui font notre héritage. À travers eux, je vois une énergie qui coule, qui circule, qui transforme, qui dépasse le temps et l’espace… C’est ça la force de la culture. »
Cet instinct de conservation, Tahi le déploie à Tetiaroa en travaillant pendant un an à la Tetiaroa Society où il rencontre de nombreuses célébrités.
« Un jour, j’ai échangé avec Leonardo di Caprio sur la conservation de notre éco-système et aussi, celle de notre culture. Il nous fait un don de 10 000 dollars… Mais en fait, ce que j’ai retenu de ces heures passées avec lui, c’est la démarche de l’homme. Nous nous sommes retrouvés autour de l’envie de préserver ce qui fait notre humanité. »
L’ancrage à sa terre
Aujourd’hui, Tahi s’est « enfin posé » en construisant son fare dans la vallée de sa famille à Raiatea. Lui qui érige sa maison de ses propres mains se consacre au partage de ses expériences avec Polynesian Escape qui propose des visites de sites sacrés et naturels de Raiatea ou des formations pour les entreprises à Tahiti.
« Je cherche à trouver un apprenti et ce n’est pas facile. Apprendre sa culture, c’est une démarche d’endurance. Il faut de la patience et de la persévérance… Quand je dis qu’il y a plus de 100 étoiles à maîtriser en tahitien, ça fait peur… J’apprends à temporiser ! »
Avec son grand sourire et son regard porté par une étincelle passionnée, Tahi essaie de rester simple quand il forme des jeunes ou des employés d’entreprises en transmettant une valeur forte…
« Nous appartenons à la Terre, pas l’inverse. C’est à nous de préserver et célébrer l’amour qu’elle nous offre. »
Plus d'informations
Sur la page Facebook Tahiarii Yoram Pariente et Polynesian Escape
Et sur le site de Polynesian Escape
Céline Hervé Bazin
Rédactrice web
© Photos : Tahiarii Yoram Pariente