Moana, chef cuisinier et pâtissier sur l’Aranui 5
Né en France d’un père Français, originaire de Hereheretue, aux Tuamotu, par sa mère, Moana Picard apprend le métier de cuisinier-pâtissier au Lycée Hôtelier de Tahiti. Après avoir travaillé dans des restaurants de renom, hôtels et yachts de luxe, il s’éprend de la mer.
Il est affairé dans la cuisine du bord, entre fourneaux, légumes et poissons à préparer, tandis que je lui pose des questions. Lorsque je le laisse parler, il est heureux de raconter sa vie en mer, cette vie liée à tous ceux qui font ce même voyage avec lui, mois après mois.
De la France à Hereheretue
Né en France, Moana a quinze ans lorsque son père – militaire de carrière – décide de quitter la France et de revenir en Polynésie y vivre sa retraite avec sa petite famille. Même si sa mère aime vivre en France, elle est heureuse de retourner au fenua.
Le père de Moana vit principalement à Hereheretue. À Tahiti, il dit qu’il « manque d’activités physiques » et pour la première fois de sa vie, il y a pris du poids. Tandis qu’à Hereheretue où il s’adonne au coprah, il garde la forme et sa minceur.
Du Lycée Hôtelier au Cargo en passant par les tables de renom
Moana étudie au Lycée Hôtelier de Tahiti. Ses études terminées, il travaille dans des restaurants de renom, tel que le Restaurant Gauguin, un incontournable du monde touristique et également des familles polynésiennes qui y déjeunent le weekend comme en semaine. Il sert ensuite comme Chef sur des yachts de luxe et dans des hôtels prestigieux aux îles-sous-le-vent.
Il change d’horizon lorsqu’il est engagé par un cargo des îles, le Nukuhau, qui affrète les îles des Tuamotu et des Australes. Il ne s’attendait pas à l’impact que ce lieu de travail, si différent des autres, allait avoir sur sa vie. Il se prend littéralement d’amour pour la mer.
À bord, le travail est rude pour tout le monde, pour lui aussi. Il est habitué à avoir une équipe. Sur le bateau, il est seul, et ne devra compter que sur lui-même pour tout faire : descendre en calle chercher des provisions en frigo, préparer le petit-déjeuner des marins avant l’aube, fermer la salle du réfectoire et la cuisine très tard après l’avoir entièrement nettoyée…
Nourrir les Titans du Pacifique
« Ils sont dix-huit à bord, mais ils mangent pour quarante-six personnes. »
En observant les hommes de l’équipage, les « Titans » comme les a surnommés le Capitaine, et en considérant le travail qu’ils font, on n’a aucun doute sur les propos de Moana. Ces hommes travaillent et mangent comme des Titans. Il est prudent de passer à table avant qu’ils n’arrivent. Après eux, il ne reste plus rien.
« Un équipage qui a bien travaillé est un équipage qui a bien mangé. » ajoute Moana.
Une seule rivale : la mer
Lorsque Moana est à terre, son amour pour sa femme est plus fort que jamais, et plus fort chaque fois. Mais il ne supporte plus aussi bien la vie sur la terre ferme. Il ne veut même pas se rendre au magasin faire des courses. Et au bout de quelques jours, son esprit se tourne vers l’océan.
Il a hâte de se retrouver à bord du bateau en compagnie de ces hommes qui ont tous la même histoire que lui. Chacun d’eux laisse à terre une épouse et des enfants qui ont appris ou doivent apprendre à vivre sans eux. Il est d’accord pour dire que la vie de leurs épouses n’est pas toujours facile, mais que leur profession maritime contribue au bien-être de leur famille.
« J’aime faire le cuisinier, me dit-il encore. Ma grand-mère française faisait la cuisine dans les châteaux. Je pense que je tiens ça d’elle ».
Aujourd’hui, Moana est pâtissier à bord de l’Aranui. Les traversées sont plus courtes. Il revoit sa famille plus souvent. Il est un homme heureux.
Rai Chaze
Rédactrice web
© Photos : Rai Chaze, www.oovatu.com, Wikipédia