Cédric Wane, l’athlète qui monte, qui monte, qui monte
Connu pour ses participations (et ses victoires) aux compétitions XTerra, Cédric Wane commence à se faire un nom sur le circuit international. Pour autant, il reste fidèle à ses valeurs et assidu à l’entraînement. Il se livre, en toute simplicité, à Hommes de Polynésie.
« Je suis gérant de restaurant », glisse Cédric Wane pour se présenter. « Je fais du sport, participe à des compétitions en local et à l’international, mais ce n’est pas ça qui remplit le frigo », plaisante-t-il. Il parle avec douceur, ancré et posé. Dans le restaurant où se déroule l’interview, des clients attablés aux alentours le reconnaissent. Certains se lèvent pour lui serrer la main, d’autres lui adressent un regard entendu. Il y répond, affable, presque étonné de l’attention qu’il reçoit.
Quand il parle de sport, il pense en fait aux sports, car Cédric Wane pratique du triathlon en pleine nature. Il court, nage et pédale. « Les courses se découpent en trois circuits : 1,5 kilomètre de natation, 30 kilomètres de VTT et 10 kilomètres de course à pied », détaille-t-il en laissant se dessiner un sourire sur son visage. Les heures d’entraînement, les kilomètres parcourus et les obstacles qu’il a surmontés n’ont visiblement pas eu raison de son allant.
« Il faut parfois écouter son instinct »
Cédric Wane, Tahitien, a suivi une prépa math sup à Poitiers en France. « Je n’ai pas du tout aimé l’ambiance. J’ai tout quitté pour le Colorado. » Quelques mois avant son inscription américaine, l’étudiant avait passé des vacances dans cet État de l’ouest américain. « J’étais déjà proche de la nature, je savais que l’université avait un très bon niveau et que les activités proposées me correspondaient, j’ai fait un choix instinctif. » Un choix qu’il ne regrette pas. « Il faut parfois écouter son instinct. »
De retour en Polynésie en 2011, Cédric Wane a travaillé avec sa famille dans la perliculture avant qu’une opportunité se présente. « Pour être honnête, je voulais passer mon Capes et enseigner, mais j’avais trop besoin de liberté, je voulais être mon propre patron. J’ai pris la gérance du Café Maeva. » Il a du tout apprendre. Travailler de longues journées. Tester, essayer, innover. « Je n’avais pas le temps de faire de sport », se rappelle-t-il.
Parti de rien, ou presque
Il faisait alors le strict minimum. Juste ce qu’il faut pour s’entretenir et pour s’aérer. « J’étais un petit sportif du week-end, un peu de footing de temps en temps, du vélo, mais je ne faisais jamais rien de structuré. J’y allais un peu en fonction du temps, je ne sortais pas s’il pleuvait par exemple, j’attendais le soleil. » En 2014, il s’est inscrit à son premier XTerra avec son VTT qu’il utilisait de temps en temps. « C’était pour essayer ». L’événement a été comme une révélation.
« La course était organisée dans la Papenoo, magnifique. Je suis tombé amoureux de la discipline. » Au cours de ce premier événement, Cédric Wane a crevé une roue de vélo, restant sur sa fin. En 2015, il s’est inscrit à la nouvelle édition XTerra à Tahiti. Et de fil en aiguille, il a intensifié les entraînements, structuré ses séances de sport, ajusté son alimentation.
Une relation presque spirituelle avec la nature
Aujourd’hui, il a toujours une paire de basket ou son vélo à portée de main. Il s’entraîne dès qu’il a quelques minutes. Toutes les six semaines en moyenne il participe à un XTerra à l’étranger. Il court dans la boue, monte à 3 000 mètres d’altitudes, nage dans les lacs et rivière. « La nature, même si cela n’a pas toujours été aussi fort, fait partie de ma vie. J’aime être à son contact, c’est parfois même spirituel. J’ai besoin de m’y retrouver, seul.»
« Il est Le Tahitien »
À Tahiti, ses performances sont reconnues. Il compte parmi les meilleurs athlètes de sa discipline, si ce n’est le meilleur. Il est attendu. À l’étranger il doit faire ses preuves, il est sur la ligne de départ un au milieu de tous. « Je n’ai alors rien à perdre, je suis le petit nouveau, les gens ne me connaissent pas. » Ou plutôt ne le connaissaient pas. Sur le circuit panaméricain il commence à se faire un nom. Il est Le Tahitien. « Mon objectif ? Être dans le top 5 mondial. », répond-il. « Je me donne encore cinq années pour atteindre mon but. J’ai 31 ans, c’est raisonnable. » Et envisageable. Vu le parcours de ces dernières années, tout semble possible.
Cet homme, engagé, volontaire, proche de la nature, évoluant en toute simplicité avec son entourage plus ou moins proche, porte les valeurs polynésiennes de courage et d’abnégation. Des valeurs qu’il fait voyager et affiche sur les lignes de départ des XTerra du monde entier.
Sportif de haut niveau et végétarien, c’est possible !
Cédric Wane ne mange pas de viande, ni de poisson. « Je suis végétarien », précise-t-il. « Je consomme des œufs, du miel et autres produits de l’apiculture. » Cela n’a aucune conséquence sur ses performances. Ou plutôt si, mais elles sont positives. « De plus en plus d’études montres que la prédominance de produits frais et végétaux dans son alimentation est bénéfique physiologiquement et physiquement. »
Delphine Barrais
Rédactrice web