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Philippe, revenir aux techniques du fa’a’apu traditionnel et du rahui

Philippe, revenir aux techniques du fa’a’apu traditionnel et du rahui

Publié le 22 août 2018

Philippe Darius, orthophoniste de formation, est à l’initiative de nombreux projets visant à imaginer un « demain » plus durable en Polynésie tant en matière de permaculture que d’éco-construction. Hommes de Polynésie est allé à sa rencontre dans la ferme du Tahara’a sur les hauteurs de Mahina.

Porter secours à nos écosystèmes « qui appellent à l'aide »

Arrivé sur le territoire en 2001, Philippe est un parisien d’origine qui a toujours été « branché » grenouilles et plantes aromatiques et médicinales. Orthophoniste, Philippe a progressivement étendu ses connaissances en permaculture et s’est lancé pleinement dedans depuis 5 ans et récemment dans l’éco-construction.

« Ma réflexion est partie du fait que l’agriculture et le bâtiment sont deux secteurs qui peuvent être très polluants. L’alternative, c’est un retour à la terre non seulement pour la culture, mais également comme matériau de construction. A Tahiti notamment, on défriche beaucoup les crêtes en montagne et on détruit la canopée. Cela fragilise grandement l’écosystème montagnard en favorisant l’érosion des crêtes. »

La permaculture et l’éco-construction sont très complémentaires selon Philippe. Pour séparer ses cultures, il a construit des « planches légumes » en ciment issu à 80 % de terre avec une couche de chaux par dessus pour l’étanchéité.

« Afin de partager mes connaissances et d’apprendre, j’ai créé des groupes Facebook dans différents domaines allant de l’écoconstruction à la permaculture en passant par la monnaie ou plus globalement la démocratie. Le « méta-groupe » est celui de la « vie en abondance », les débats même virtuels sont passionnants ! »

Philippe estime que la permaculture permet de « contrecarrer » autant que faire se peut les excès du monde actuel dans la gestion de nos écosystèmes. Pour autant, Philippe insiste sur le fait que les Polynésiens emploient depuis longtemps déjà des techniques ancestrales comme le « rahui » à la fois marin mais aussi terrestre afin de préserver la ressource et les cultures.

« Ces techniques ancestrales utilisées en mer mais aussi dans le fa’a’apu sont partie intégrante du patrimoine culturel polynésien. Le rahui permet de faire face à une raréfaction des ressources. L’exemple de la gestion de Rapa iti, sous la houlette de Roti Maké, a été la preuve qu’il existe une alternative au cadastre. Il faut remettre au goût du jour le rahui en l’adaptant et le codifiant pour répondre aux défis contemporains en Polynésie. »

Revenir à la terre, qui apporte plus de joies et d'épanouissement que la technologie

Philippe prône un retour du fa’a’apu traditionnel avec la volonté de lutter contre le défrichage et la mono-culture.

« J’ai travaillé avec des jeunes de Mama’o sur des « jardins partagés » et on a pu constater tout l’apport d’une agriculture traditionnelle afin de cultiver des fruits et légumes locaux comme la patate douce, le taro ou la banane. Cela demande beaucoup plus d’effort de vouloir coûte que coûte cultiver des légumes européens ici comme la tomate ou le choux. »

Pour Philippe qui a rédigé un billet intitulé « plaidoyer pour la foret », le développement de l’agriculture doit se faire dans le but d’atteindre l’autonomie alimentaire mais non au prix d’un défrichage massif.

« Il y a deux clefs pour cela. La première est de « reforester » en plantant des essences utiles comme des arbres fruitiers. La seconde est de penser d’abord aux arbres, puis ensuite aux légumes ou aux fruits. Par exemple, beaucoup de fruits proviennent de lianes qui viennent enlacer les arbres comme le fruit de la passion ou le potiron.»

Le fait de revenir à la terre implique une activité physique intense et quotidienne. « Piser la terre » est par exemple un exercice physique de haute intensité. Cela apporte, selon les mots de Philippe, plus de satisfaction et de joies plutôt que courir sur un tapis roulant dans une salle de sport.

« Je pense qu’il n’existe pas de point de non-retour pour la terre. Elle pourra toujours se régénérer sans nous. La question qui se pose n’est pas tant la survie de la terre, mais c’est celle de notre viabilité en tant qu’espèce sur la terre. Ce que nous voulons pour demain, vivons le aujourd’hui.»

Plus d'informations

G. C.
Rédacteur web

© Photos : G. C., Philippe Darius

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