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Sport

Simoné Forges Davanzati, créateur des Trophées du Sport

Publié le 18 février 2019

Les Trophées des Sports récompensent une fois de plus cette année des sportifs de toutes disciplines. Un coup de projecteur sur un secteur souvent éclaboussé par des conflits internes et des affaires de dopages. Reste qu’il s’agit pour beaucoup d’une passion, d’une soupape, d’une thérapie parfois. Il y a 5 ans, un homme, Simoné Forges-Davanzati était animé de ce désir de mettre en avant le sportif polynésien. Tahiti Infos et Air Tahiti Nui ont tout de suite adhéré à cette idée. Hommes de Polynésie s’est intéressé à ce féru de sport et de nature.

DU CINÉMA AU JOURNALISME SPORTIF

Simoné Forges Davanzati est né en octobre, un jour de 1971 à Rome. Italien par naissance et par le sang, il a près de trois ans lorsqu’il arrive avec ses parents en Polynésie au milieu des années 1970.

« On a vécu un an à Moorea, à Haapiti. J’adorais grimper aux arbres paraît-il et aujourd’hui encore, quand je grimpe aux arbres, je me sens bien sans savoir pourquoi ! »

Il revient ensuite en 1986 à l’âge de quinze ans pour des années idylliques de surf, de motocross et de fêtes avec les copains.

« J’ai voué une véritable passion pour la vague de Teahupo’o que j’ai filmée puis photographiée dès 1997 pendant des années, à mon retour de Paris, avec deux films de surf à la clé…»

Car, détail important, ses parents viennent des milieux du cinéma et artistique. Son père est issu d’une famille aisée contrairement à sa mère qui vient d’un milieu modeste.

« C’est pour cela que je pense avoir toujours été fasciné par l’idée de créer des ponts entre les catégories sociales. »

Après une enfance entre Tahiti, Rome et Nantes suite au divorce de ses parents, il a passé son bac Lettres et Langues avec mention au Lycée Paul Gauguin. Et c’est tout naturellement qu’il s’oriente vers une école de cinéma à Paris, l’ESEC.

« Après avoir travaillé dans le cinéma à Paris, mon père, qui possédait une société de production ici en Polynésie, m’a proposé un job de caméraman-réalisateur. »

Après ces mois de tournage dans les archipels, il a décidé de quitter Paris pour ouvrir sa propre structure de production baptisée Local Vision, en 1996-1997, qui existe encore aujourd’hui et ce malgré un changement dans le type d’activité.

De 15 ans de production de documentaires culturels sur la Polynésie, il est passé au journalisme sportif. Une opportunité qui tombait à pic avec sa volonté de faire quelque chose par lui-même plutôt que de suivre la voie tracée par son père. 

« J’ai la fierté de pouvoir dire que j’ai été un des quatre journalistes présents à la première réunion de rédaction du Tahiti Infos Papier, en novembre 2012. Le lancement de ce média a été un challenge qui m’a passionné. »

UN SPORTIF NE

Simoné a toujours été sportif : football, tennis, basket, hand ball, ping pong, natation, motocross… Pour la petite anecdote, en 2018, avec son équipe de Beach soccer Air Tahiti-Teva Import, ils se classent troisième du championnat.

A Paris, il pratique le taekwondo et le VTT. Lorsqu’il revient en 1995, il se passionne pour le surf qu’il pratique avec passion. Il nous confie aimer nager le long du récif extérieur. Il a d’ailleurs passé ses niveaux d’apnée AIDA 1 et 2 et il apprécie particulièrement « le feeling de l’apnée ».

« J’ai même réussi 5’45 en apnée statique grâce à mon prof Denis Grosmaire ! J’étais mordu de pêche au fusil mais maintenant je suis plutôt contemplatif. Je nage, je respire, je médite…J’adore la sensation de descendre dans le bleu derrière le récif ou de nager dans les vagues en m’accrochant au récif, en sentant la vague arriver sans même mettre la tête hors de l’eau. J’adore la nature et l’océan tout particulièrement. »

Il aurait très bien pu rester dans la capitale française pour y faire carrière dans le cinéma, d’autant que les contacts ne manquaient pas, à commencer par sa tante Claudia Cardinale.  Mais il a préféré quitter cette ville à l’air pollué pour vivre une vie de quartier avec sa nouvelle famille à Paea.

« Je faisais quelques clips vidéo de musique locale par mois, le reste c’était bringue tahitienne tous les week-ends et nage au récif avec les voisins qui pêchaient le burgot, ramassaient des oursins…On vivait au jour le jour…De l’individualisme à la parisienne, j’ai appris le partage à la tahitienne…»

Cette passion pour le sport et la nature, il la vit toujours en jouant au foot avec ses amis toutes les semaines et en allant nager dès qu’il le peut en faisant des raids de quelques kilomètres à la nage à l’extérieur du récif en solo.

Sa passion pour le cinéma, il la vit en regardant des films, en écrivant et en cherchant une solution pour avancer de ce côté-là aussi.  Mais le cinéma de fiction demande beaucoup d’argent et implique d’être dans les grandes villes, renoncer à la nature et faire des sacrifices familiaux qu’il n’a pas envie de faire.

« Toute ma famille ou presque a travaillé ou travaille dans ce milieu et il n’y a pas que des côtés positifs, notamment au niveau familial. Mais faire un film de fiction ou un roman permet d’exprimer beaucoup de choses et cela m’intéresse. Sous le couvert de la fiction, beaucoup de thèmes peuvent être abordés comme par exemple l’urgence climatique, les inégalités sociales et beaucoup d’autres thèmes centraux de notre société. »

L’HISTOIRE DES TROPHEES

Ceci nous amène à la genèse des Trophées du Sport.

« Les choses se sont faites naturellement. Par rapport à mon passé dans le documentaire, j’ai toujours fait beaucoup d’interviews dans mes articles sport. J’avais cette curiosité et ce désir de mettre en avant le Polynésien, le sportif. »

Jusqu’à aujourd’hui, c’est ce qu’il tente de faire pour que l’on puisse en savoir plus sur ces sportifs, leur quotidien, leur joie de vivre, leurs difficultés. C’est dans cette logique qu’il a parlé de son projet à Nathalie Montelle, rédactrice en chef de Tahiti Infos et à Torea Colas, directeur marketing et communication d’Air Tahiti Nui. Ils ont tout de suite adhéré à cette idée. Résultat le bébé a 5 ans, il est beau et commence à rentrer dans les mœurs.

« Pas plus tard que cette semaine un ami m’en a parlé sans savoir que j’étais l’initiateur du projet. »

Le bilan est donc positif car plusieurs autres forces se sont unies au projet : Polynésie la 1e avec la superbe retransmission en direct, puis le Pays qui a mis les moyens pour faire de la soirée de remise des prix un véritable événement.

La Pacifique des Jeux est devenue également un partenaire fidèle. Il salue aussi le travail de l’agence Salt Event qui gère l’organisation de la soirée. Le nombre de nominés en individuel est le même depuis le départ : 18. Depuis se sont rajoutés progressivement les équipes, les évènements, les sports traditionnels, le handisport et les prix spéciaux…

« On a recentré les nominations sur les performances mais, avec une quarantaine de fédérations, ce n’est jamais évident de comparer les performances, les disciplines…On essaie malgré tout d’être le plus justes possible. Je reprendrais une publication d’Henri Burns qui a déclaré récemment « peu importe qui gagne, le but est de mettre en avant nos talents… ». Bien sûr que l’on peut toujours mieux faire, c’est pour ça que l’on fait un débriefing après chaque édition… »

Simoné estime que le tissu associatif lié au sport est très dynamique en Polynésie. L’environnement se prête également à la pratique de nombreuses disciplines, ce qui en soi est une chance inestimable. Le Polynésien a de vraies aptitudes, notamment sur certains sports de glisse ou de combat, de balle aussi.

« Il aime la compétition et la prend comme un jeu. Il y a un bon esprit derrière et beaucoup de fraternité, d’esprit de famille. Il transforme un sport individuel en un sport familial et communautaire. Promouvoir le sport, c’est pour moi quelque part vital pour notre société. »

Simoné veut attirer l’attention sur le volet « nutrition » qui permettrait selon lui de contribuer à faire face à la crise sanitaire gravissime que traverse la Polynésie.

« Je reste optimiste car avec internet et les différents médias « main stream », l’information circule de plus en plus par rapport à ces problématiques cruciales pour le devenir de notre société. J’ajouterais simplement à titre personnel que pour moi le sport va de pair avec une alimentation et un environnement sain et j’espère donc que les Trophées du sport pourront contribuer à promouvoir ces valeurs. »

La liste de mécènes, investisseurs et partenaires est longue et l’on ne peut que souhaiter aux Trophées du sport de durer le plus longtemps possible et surtout qu’ils puissent être utiles à nos sportifs et à la société. 

Simone conclut notre entretien en insistant sur le fait que le polynésien adore le sport et qu’il a bien raison. Il a bien raison également de ne pas oublier les valeurs fondamentales du sport, à savoir la fraternité et le partage. L’esprit de famille plutôt que l’individualisme.

« C’est bien de vouloir gagner, de vouloir être le meilleur et personnellement je déteste perdre, mais il ne faut jamais oublier l’importance du respect de l’adversaire, du respect de l’environnement, du fair-play… »

Il reste enfin persuadé qu’il faut prendre soin de soi et donc dire un grand NON au dopage sous toutes ses formes.

« Quelqu’un nous regarde de là-haut et, quoi qu’il en soit, il est important de bien agir malgré les difficultés et aléas de la vie. Je m’adresserai au polynésien mais également à nous tous ! Il faut profiter du sport pour combattre les addictions qui sont malheureusement imbriquées dans notre société. Addiction à l’alcool, à la drogue, au travail, à la religion, au sucre, aux mauvaises graisses, au jeu, aux écrans, au sexe, à l’argent…Le sport équilibre la vie mais pour pouvoir profiter pleinement de ses bienfaits, il faut la bonne philosophie de vie qui va avec. Il ne faut pas non plus que le sport devienne une nouvelle addiction au détriment de la vie de famille qui reste primordiale. Pour finir, il ne faut pas tout attendre des politiques, il faut se prendre en main. Notre vrai pouvoir est dans notre façon de consommer, dans notre mode de vie. 

Jeanne Phanariotis

Rédactrice web

© Photos : Simoné Forges-Davanzati

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