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Johann, petit prince du Hip Hop

Johann, petit prince du Hip Hop

Publié le 23 janvier 2018

Johann KWANG-LIU est un jeune homme d’origine chinoise né à Tahiti, débordant d’énergie et animé par la passion de la break dance depuis 2003. Actuellement chargé d’affaires dans sa vie professionnelle et prestataire de cours de Hip Hop durant son temps libre, sa générosité mais aussi ses valeurs positives égaient son entourage. Hommes de Polynésie vous invite à découvrir cet homme qui vibre non seulement pour la musique mais aussi pour sa population.

« Quand tu écoutes la musique et que tu te mets à danser, tout ce qu’il y a autour de toi, c’est le vide. Il n’y a que ta musique et tes mouvements. Tu te sens libre, tu fais ce que tu veux. Tu profites de l’instant. »

© Photo : Matt Ricou

Les valeurs du Hip Hop : peace, love, unity, having fun

« Le « Thomas », c’est une figure que je voulais apprendre. De cette figure, j’ai découvert la culture et l’état d’esprit. Tout un mode de vie, il y a un partage. »

Johann, aussi connu sous le pseudo « Bboy Omega » (Bboy = Break boy), m’apprend que la culture hip hop est constituée de quatre branches :

  • celle des DJ’s, née dans le Bronx au cours des années 70, qui a commencée par la culture de fêtes-underground,
  • celle des Rappeurs, avec les Mc’s,
  • celle des Danseurs,
  • celle des Graffeurs.

La danse Hip Hop, elle, comprend : la danse au sol, communément appelée « break dance », et la danse debout, avec entre autres les différents styles tels que sont le smurf, le robot, le newstyle…

« La breakdance n’est arrivée à Tahiti que vers les années 2000, alors qu’elle existait depuis la fin des années 70 début 80 aux États-Unis. J’ai commencé en 2003. »

Lorsqu’il voit avec ses amis pour la première fois l’énergie qui se dégage d’un cercle avec un danseur de Hip Hop au milieu, c’est le coup de foudre, la révélation. Johann, adolescent rebelle à l’époque, cherche alors comment apprendre. Alain, un ami du collège AMJ, lui montre. Ensemble, ils s’entraînent dur, alors que d’autres personnes les rejoignent et que leur groupe, les XBoys, se forme.

« On a bien évolué de 2003 à 2009, on a vite appris. On a été sponsorisés par Nike Shop pour des vêtements et accessoires. On regardait les DVD, achetés chez Tahiti Music, qu’on se passait les uns les autres. »

Dans le Hip Hop, il y a cette idée de partage, d’unité qui séduit encore Johann. Que ce soit lors de ses voyages en Russie, aux États-Unis, en Chine, cette passion lui permet de briser la barrière de la langue et de communiquer plus facilement avec des étrangers qui évoluent dans ce même univers.

« Tu ne connais personne, tu fais déjà partie du groupe. Les valeurs de partage, de respect sont importantes. »

La persévérance : se relever après la chute

En break dance, apprendre à tomber est essentiel. Les chutes, il faut les maîtriser, se relever et persévérer pour évoluer. Johann reconnaît avoir commencé tard, à 17 ans, alors que maintenant me dit-il : « ils commencent à 8 ans. Aujourd’hui j’ai 31 ans mais je continue. »

Le dépassement de soi, cette notion revient souvent : « quand tu vois le niveau d’une personne, tu sais à quel point il a travaillé dur. En break, les figures évoluent tout le temps. Tu ne peux faire que progresser. Tu tombes, tu te fais mal, tu apprends et tu recommences. »

Johann lors de son mariage avec sa femme Melody © Photo : NDZMax Photoshoot

Les années de 2004 à 2006 ont été selon lui, les meilleures en termes de popularité du Hip Hop en Polynésie. Johann se sent dans son élément, entouré des siens.

« Cela m’a permis d’avoir confiance en moi. Une fois que tu crois en tes capacités, en la persévérance, les portes s’ouvrent devant toi. »

De 2003 à 2009, Johann n’a qu’un seul but en tête : s’améliorer et faire des compétitions. Il s’entraîne pour cela 9 heures par semaine. Son niveau devient tel qu’en 2007, il est repéré pour donner des cours de danse à l’école de danse Christelle CONESA du centre Tamanu à Punaauia. En 2008, c’est l’Entrée des Artistes qui fait appel à lui.  Puis, en mai 2009, c’est la consécration : il obtient le 1er prix du UPA NUI en danse moderne avec les XBoys. Un mois plus tard, Johann part faire ses études à Montpellier, sans pour autant laisser sa passion de côté. Il continue la danse sur place et réussi en 2010 à décrocher un stage aux côtés des organisateurs du championnat du monde de break dance : un rêve devenu réalité !

Le besoin de promouvoir la Break Dance au Fenua

En 2011, suite à un voyage en Russie, Johann organise l’évènement « Yes we dance ! » à Vaiete, en partenariat avec l’UPJ, qui rassemble plus de 1 000 personnes. Sur place, des ateliers gratuits de danse, de graffitis, des rappeurs, un DJ, transmettent leur passion au public. Toutes les facettes de la culture Hip Hop sont représentées. Pour Johann : « ce serait du gâchis si cette culture venait à disparaître en Polynésie. »

En 2013, ses études finies, Johann revient à Tahiti.

« Quand j’ai commencé à travailler à la CCISM, je me suis moins entraîné. Cela fait une sacrée différence entre 9h par semaine et 1h par semaine : ton corps ne suit plus, les blessures sont plus faciles. »

Johann avec sa femme Melody © Photo : Matt Ricou

Quoiqu’il en soit, la culture Hip Hop continue d’avoir une vraie place dans sa vie et dans son cœur. Ayant découvert la danse à un moment de sa vie me dit-il : « cela n’allait plus trop », où il faisait « beaucoup de bêtises », Johann a pu trouver refuge dans ce sport dont les valeurs positives l’ont préservées de mauvaises influences extérieures.

« Tellement ça m’a apporté du bien, du positif, j’ai envie de le faire partager à d’autres. Grâce à cette danse, si cela permet à l’un de mes élèves de mieux vivre, être plus heureux, je serai content, c’est mon objectif. Car pour moi, cela m’a permis de m’épanouir. »

Après ses études, Bboy Omega a donc repris l’enseignement de la breakdance. Il propose aujourd’hui de coacher les jeunes passionnés de danse tous les samedis à Vetea dans la commune de Pirae, « L’atelier du break » est créé. Des tatamis, une corde à grimper, un miroir, et une bonne sono, indispensables à une pratique en toute sécurité, composent les lieux. Il assure 2 heures toutes les semaines, même pendant les vacances scolaires, de 9h à 11h. Le coaching, c’est une méthode efficace qui permet aux danseurs d’évoluer chacun à leur rythme, tout en apprenant et en se perfectionnant dans le style qu’ils choisissent.

De plus, il donne des cours à l’école de danse Andrea Dance School à Papeete et au Centre de danse Tamanu à Punaauia, une formule idéale pour apprendre les bases.

« Je me suis rappelé que quand j’ai commencé, je n’avais pas les moyens. J’aimerais que ce soit accessible à tout le monde. »

Bien conscient que pour les personnes des quartiers défavorisés, la priorité est d’acheter à manger, Johann est persuadé que s’ils découvrent la danse, cela peut leur faire reprendre confiance en eux. Depuis octobre 2017, il enseigne également son art aux jeunes de Papeete, dans l’objectif de continuer le développement du break en Polynésie avec son entité « Breaking Motion ».

« J’ai réfléchi à un moyen pour que les jeunes puissent avoir accès à cette danse, et fait une offre de partenariat à la mairie de Papeete, qui a accepté. En ce moment, ça se passe dans le quartier prioritaire de la mission à Papeete. »

Au début, Johann admet que cela n’a pas été facile : « Je les cadre quand même. J’essaye de leur inculquer des valeurs sportives, de la discipline, le respect. J’ai une vision, je suis sûr que la danse Hip Hop et sa culture a toute sa place à Tahiti. »

La danse, le va’a, le sport… À l’instar de Johann, de plus en plus de jeunes polynésiens font le choix de s’investir dans ces domaines qui apportent bien plus qu’un simple dépassement de ses capacités physiques. Des valeurs positives qui permettent de se construire en tant qu’individu, voire de s’épanouir, sont aussi véhiculées.

À quand des rythmes au collège, pour nos chères petites têtes brunes, inspirés du modèle allemand, troisième puissance économique mondiale, qui consacre les après-midis à des pratiques sportives et artistiques, au sein même des établissements ?

Tehina de la Motte
Rédactrice web

© Photos : Johann Kwang-Liu, Matt Ricou

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