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Sunny Moana’ura Walker, le païen

Sunny Moana’ura Walker, le païen

Publié le 22 décembre 2017

Il est celui qui voue un culte aux dieux anciens, Taaroa, Toahiti Matanui, Atea Toanui, Taere Maopoopo… Celui qui leur rend honneur en pratiquant les cérémonies de ses ancêtres. Un livre lui est consacré. L’auteur, Ariirau, a voulu comprendre et faire savoir le cheminent de ce qui lui apparaissait comme une énigme. Pour Hommes de Polynésie, Sunny Moana’ura Walker résume son parcours et parle de son déclic. 

De sa jeunesse – il est né à Rurutu en mai 1955 – à l’orée de son âge adulte à Tahiti puis en France, Sunny Moana’ura Walker a baigné dans la pratique du culte protestant. « Ma famille est pratiquante », dit-il installé sur le marae Tupuhaea dans la vallée de Hamuta. 

Des colliers de fleurs sont suspendus au-dessus de lui, ils témoignent d’une cérémonie récente. Car, depuis, Sunny Moana’ura Wlaker a quitté l’église protestante pour embrasser le paganisme. Le paganisme c’est le nom, donné par les Chrétiens des premiers siècles au polythéisme. Les Polynésiens d’antan étaient polythéistes.

En observant le monde j’ai eu des doutes

« En fait, le protestantisme mais, plus généralement, les religions monothéistes m’ont interpellé. Je suis un homme imbibé de foi, mais j’ai trouvé certaines idées sectaires, j’ai vu de la prétention, j’ai commencé à douter en observant le monde et suis allé voir ailleurs. » Sunny Moana’ura Walker, engagé dans la marine pendant 15 ans a vu du pays. Il a rencontré de nombreuses personnes, a lu des écrits variés. « Je me suis tourné un temps vers le bouddhisme mais, même cela ne m’a pas convaincu. »

Il est rentré en Polynésie et a poursuivi sa quête. « Je me suis alors plongé dans l’histoire polynésienne. Entièrement. J’ai découvert la religion de nos anciens qui ont répondu à mes aspirations et à certaines de mes questions. J’ai approfondi mon étude. » Il a mis au jour les pratiques d’hier liées aux cultes des dieux.

Aujourd’hui, quand il organise des cérémonies, il fait des offrandes aux dieux qu’il reconnaît. « Il y en a des centaines. » Il y a par exemple Taaroa, le chaos, l’ancêtre de tous les dieux, Toahitimatani qui représente la forêt, le végétal, Ateataonio, le vent, la pluie, les manifestations hydrauliques de l’atmosphère, Taere Maopoopo, le dieu du savoir et de la connaissance.

Une pratique, un culte, une reconnaissance

Pendant les cérémonies il y a du orero, du chant, de la danse, de la musique. Pour lui ce n’est pas « du folklore ». Ce n’est pas non plus « du prosélytisme ». C’est une pratique, un culte, une reconnaissance sincère qu’il explique et présente à qui veut l’entendre. Autour de lui, dans son groupe, ils sont une quinzaine. « Mais une petite poignée pratique le paganisme avec authenticité. »

Sur son marae, il raconte les pierres, parlent de leur origine. En les pointant du doigt : « c’est un marae ancien qui a été retrouvé et resacralisé. Mais certaines de ses pierres sont nouvelles ici, elles viennent de loin, elles ont été déposées par des invités venus de Rapa Nui et Rapa Iti, de Nouvelle-Zélande, de Huahine, du Canada, de Nouvelle-Calédonie… »

C’est sur ce marae qu’il pratique ses rites avec qui veut le suivre. « Je ne tiens pas à changer qui que se soit », insiste-t-il, « je veux seulement remettre certaines idées en place ». Pour lui, la culture polynésienne ce n’est pas seulement « l’anthropophagie, les infanticides et les sacrifices humains dont on parle tout le temps et qu’on met en avant. »

Delphine Barrais
Rédactrice web

© Photos : Delphine Barrais

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