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Art & Culture

Yann, Tonnerre de Brest!

Publié le 14 juin 2019

C’est un artiste passionnant que nous avons souhaité vous présenter aujourd’hui. En marge de son métier d’électrotechnicien sur de grosses machines industrielles, c’est un passionné de théâtre. Il bouillonne de créativité et multiplie les spectacles pour distraire et faire rire le public. Yann Paranthoën nous a fait le plaisir de se confier à Hommes de Polynésie.

Un aventurier en herbe

Yann est Breton, né à Brest – ville de garnison où la Marine Nationale était très présente. Il n’avait pas d’attrait particulier pour la Marine, mais il était entouré de cet univers, avec notamment un grand père « capitaine au long cours » qui partait parfois plus de six mois en mission, et qui lui racontait ses voyages et ses aventures exotiques, tel un Capitaine Haddock voyageant comme dans les BD de Tintin : une poursuite à la sagaie au Congo, la chasse au tigre chez un maharadjah, les têtes coupées en Chine …

« Je ne rêvais que d’une chose : partir à l’aventure ! »

Par la force des choses, nourri de ces récits, Yann a été piqué à l’envie de voyager. Il raconte qu’il était un gamin assez triste, isolé, mais ayant paradoxalement l’envie permanente de faire rire les autres, comme ses camarades d’école et de scoutisme.

Du théâtre sans le savoir

Ce goût d’amuser son entourage se traduisait par des sketchs plus ou moins improvisés, et de premiers rôles dans des saynètes pour enfants, comme prémices pour le théâtre. Son enfance a aussi été marquée par une curiosité poussée pour le fonctionnement des différents appareils qui l’entouraient, avec un don de compréhension et d’assimilation hors du commun.

« Quand mes copains dévoraient des BD à la bibliothèque, je me plongeais de mon côté dans les encyclopédies »

Et cette boulimie de connaissances emmenait le petit Yann vers toutes les documentations possibles sur le thème des « technologies », avec cette obsession de comprendre « comment ça marche ». A tel point, que cela lui a valu parfois quelques réprimandes quand il s’amusait à démonter des réveils matins, mais sans être capable de les remonter…

Un projecteur de diapositives

Un jour, chez des amis de ses parents, Yann découvre un appareil qu’il ne connaissait pas : un projecteur de diapositives sur grand écran. Il observe attentivement l’appareil, et décide d’en créer un de toutes pièces, avec une boîte en carton, des loupes et un éclairage électrique, pour voir en grand les diapos du « Livre de la jungle » offertes dans les boîtes de « Vache qui rit » de l’époque. Et ça fonctionne !
Sur le plan artistique, ce touche-à-tout se voyait bien dans le chant, la peinture ou la musique, mais il a choisi de commencer par la photo. A 17 ans et demi, Yann doit effectuer son service militaire et décide de s’engager dans la Marine. Après une première expédition en Finlande et Norvège, il est envoyé aux 4 coins du monde et découvre la chaleur, des parfums nouveaux et des ambiances inconnues. Il réalise ainsi son rêve de voyages.

« De retour à Brest, on me dit que je suis affecté à Tahiti… »

Et c’est à bord d’un patrouilleur effectuant les déplacements scolaires, les tournées du Haut-Commissaire et les missions des médecins, que Yann découvre la Polynésie de l’intérieur. Une époque (en 1978) où Papeete était une ville de garnison, envahie les soirs de week-end de travailleurs de Mururoa ou de Hao, de légionnaires… et de marins. De retour en France, dans la grisaille hivernale de Brest, Yann revoyait en rêve Tahiti et ses couleurs, ses montagnes verdoyantes et ses odeurs. Une expérience au Canada lui fit définitivement comprendre que son destin était en Polynésie.

Electromécanicien à son compte

Yann décide donc de revenir à Tahiti et se lance dans l’activité professionnelle qu’il maîtrise le mieux : la réparation et l’entretien de machines industrielles. Il se met à son compte et trouve ses premiers clients.

« Arrivé à mes 40 ans, c’est le coup de semonce et l’heure du bilan. Je me demande où sont passés mes rêves, le théâtre, le chant… autant de choses enfouies en moi. C’est décidé : je me lance ! »

Après cette prise de conscience, Yann prend des cours de théâtre et commence par l’improvisation. Il intègre ensuite la troupe Alinéa d’Aline Nolet et Anne Tavernier. Bercé par les pièces de boulevard diffusées à l’époque à la télévision dans l’émission « Au théâtre ce soir » avec des vedettes comme Jean Le Poulain, Michel Roux ou Jacqueline Maillan, il veut faire rire, et tourner le dos à la tragédie.

« Le théâtre amateur est destiné à des gens passionnés qui se dépassent pour monter sur scène »

Il passera huit ans au sein de la troupe Alinéa, comme comédien, mais également décorateur ou encore metteur en scène. Il participera à des succès tels que « Impair et père » de Ray Cooney, avec 13 comédiens sur scène dont François Jounot, Aline Nolet et José Antunes, qu’il coachera ensuite pour son spectacle « One man chaomen ». Il repère des personnes qui semblent convenir pour des rôles, même s’ils n’ont jamais fait de théâtre, et les forme aux personnages de la pièce.

En 2007, Yann quitte Alinéa et crée Zip Prod, avec, comme premier succès « Frou Frou les Bains » de Patrick Haudecoeur, pièce qui lui permet de concrétiser un rêve : jouer, danser et chanter. Il fait appel à Vaitiare Chargueraud (1) qui vient chanter à travers un personnage spécialement créé pour elle.

Il se frotte aussi à l’opéra aux côtés de Gaby Cavallo. Les spectacles se multiplient et récemment Yann a décidé de se consacrer au coaching et à la direction artistique de comédiens amateurs comme Taina Fabre (2) ou Gildas Meillerey (3).

« Le metteur en scène c’est comme un chef d’orchestre. Tu as beau avoir de bons musiciens, c’est toi qui donnes une couleur à l’œuvre. »

Un rêve: avoir sa propre salle de théâtre

Yann rêve d’indépendance artistique. Et cela passe par l’acquisition et la gestion de sa propre salle de spectacle. Mais c’est compliqué, tant pour des raisons financières que techniques. Bien qu’on ne fasse pas du théâtre pour gagner de l’argent, les associations qui montent des spectacles sont confrontées à de nombreuses difficultés, comme l’obtention de subventions, les tarifs à la hausse des location de salles, l’interdiction d’affichage sur les lampadaires du front de mer et surtout l’absence à Papeete d’endroit dédié à cette communication, comme il en existe dans les communes voisines. Il faut donc aujourd’hui compter sur les réseaux sociaux.
On l’aura compris, Yann Paranthoën fonctionne au coup de foudre et au feeling. Il a encore une belle panoplie de projets dans ses cartons avec « Zip Prod », et nourri par son amour du fenua, réussit à vivre de sa passion et à apporter de la bonne humeur et du rire à des centaines de Polynésiens.

Laurent Lachiver
Rédacteur web

© Photos : Hommes de Polynésie

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